bandeau
 

 

Historique

Chaque fois que l'on verra un (P), en cliquant dessus, apparaîtra une photo

texte écrit et prononcé par Yves Tinel (P), ancien professeur et inspecteur de langues anciennes,
créateur et fondateur des "Rencontres latines" et du concours de version latine appelé depuis 2007
 "Marius Lavency",
à l'occasion de la proclamation des résultats de l'édition 2017.

n.d.l.r. Il n'imitera pas César.

1. Quand, pourquoi, comment ce concours et ces "Rencontres latines" ?

Je ne commencerai pas comme les beaux contes de fées en vous disant : "Il était une fois"..

Mais bien comme ceci :
C'était à Jupille, faubourg de Liège, dans les jardins de l'Institut Notre-Dame de Jupille. Rassurez-vous ! ce ne sera pas aussi long que le Salammbô de Flaubert.
Dans les jardins donc de l'institut, on était en 1982-1983, gambadait une jeune élève, étrangère, italienne, du nom de Bellinda Spalvieri.
C'était la fille d'un diplomate de carrière en poste au Consulat général d'Italie à Liège, Renato ou Nicola Spalvieri (P). Ce dernier était originaire d'une petite bourgade appelée Castelliri à 10 km d'Arpino dans la province de Frosinone, région du Latium. Arpino (P) (P), vous savez, la ville de naissance de Cicéron (A son époque Arpinum avait une plus grande étendue); mais il est né en réalité à la confluence des cours d'eau  le Fibrène et le Liri) !

Renato Spalvieri connaissait très bien Ugo Quadrini (P), le directeur du Lycée d'enseignement secondaire d'Arpino, Il Liceo Tulliano. Ce dernier avait imaginé et mis sur pied un concours de version latine d'abord régional en 1980 puis italien dès 1981. Ce Certamen Ciceronianum Arpinas ouvrit ses portes aux étrangers en 1983. Et Renato Spalvieri l'apprit.

Quoi de plus normal, il mit au courant M. Jean-Marie Martiny (P), le directeur de l'Institut Notre-Dame de Jupille où se trouvait donc sa fille. Bien entendu, M. Martiny et deux de ses élèves partirent pour ce Certamen et pour ne pas être trop seul, il y impliqua également son meilleur ami, le directeur du Collège Saint Joseph à Chênée ainsi que deux de ses élèves.

L'année scolaire suivante, en 1983-1984, Mme Françoise Lewalle, professeur de langues anciennes à l'institut Notre-Dame de Jupille, me mit au courant de ce concours. J'étais alors inspecteur de langues anciennes pour le diocèse de Liège. Je me mis donc en rapport avec M. Martiny qui me présenta à M. Spalvieri, devenu très vite mon ami.

Celui-ci, grand ami lui-même de M. Ugo Quadrini, le concepteur et l'organisateur de ce concours, toujours directeur du Liceo Tulliano à Arpino à ce moment-là, s'arrangea pour que nous puissions envoyer deux élèves et un accompagnateur venant de six établissements.  En 1984, Je désignai cinq établissements du diocèse de Liège (l'institut Sainte-Véronique, le collège Saint-Louis et le collège Saint-Joseph de Liège, l'institut Sainte-Marie à Huy et le Val Notre-Dame de Antheit), étant entendu que le sixième, l'institut Notre-Dame de Jupille, représenté par deux de ses élèves et son directeur, en faisait partie automatiquement. Le choix des cinq autres écoles a été fait suivant ce critère : les (cinq) directeurs étaient des philologues classiques.


En mai 1985, je désignai à nouveau, cette fois, cinq établissements scolaires dont deux, issus de l'enseignement officiel (P). M. Ugo Quadrini, qui avait appris mon existence par M. Spalvieri, m'invita en qualité d'inspecteur de langues anciennes à faire à Arpino un intervento alla tavola rotonda (P)  à l'occasion de leur cinquième édition.

Continuer à désigner des écoles sans critères n'était plus possible.

Aussi, à l'occasion de ma visite, j'exposai aux autorités mon intention d'organiser en Belgique un concours de version latine sur base duquel seraient choisis les lauréats pour participer à celui d'Arpino. Mon projet fut plus qu'accepté, il fut même encouragé car pour les organisateurs italiens et particulièrement pour l'ideatore de ce Certamen, M. Ugo Quadrini, c'était un immense plaisir de voir qu'il y avait un effet multiplicateur. Je tiens à faire remarquer que jusqu'à ce jour, nous sommes le seul pays étranger à sélectionner nos candidats par un concours. En Belgique aussi, nous avons eu le soutien enthousiaste de M. le Professeur Marius Lavency et je n'ai pas eu à le convaincre. Quant au directeur de l'Institut Notre-Dame de Jupille, M. Jean-Marie Martiny, il m'encouragea à aller dans cette voie.

Mon projet fut également soutenu par M. Rocco Pagliaro (P) , président de l'Associazione dei Laziali nel Mondo - Benelux qui remplaça, ici à Liège, M. Renato Spalvieri. Grâce à messieurs Spalvieri et Pagliaro, je pus rentrer en contact avec d'autres personnalités italiennes d'Italie. Cela a permis, par la suite, d'affirmer notre présence à ce concours. Il faut savoir que, toute proportion gardée, la représentation belge dépasse celle d'autres nations comme la France et l'Allemagne.

A partir de ce moment-là, année scolaire 1985-1986, je réunis autour de moi une équipe de professeurs de l'enseignement libre francophone et germanophone du diocèse de Liège et nous créâmes ainsi les "Rencontres latines", sans savoir, à un moment où l'internet n'existait pas encore, les problèmes que pourraient soulever ce nom !!!

Les objectifs, alors fixés, sont encore ceux d'aujourd'hui :

1. Permettre aux élèves des classes terminales, par un effort intellectuel important, de se mesurer lors d'une version latine sur un texte de Cicéron et partant de mieux connaître la personnalité de cet auteur dont on ne peut nier l'influence capitale qu'il eut dans la romanitas et donc dans notre civilisation occidentale;

2. Faire prendre conscience aux élèves d'un établissement scolaire qu'ils font partie d'une longue chaîne de "latinisants" dans le temps et l'espace. En effet, pendant les "Rencontres latines, ils seront en présence de centaines d'élèves d'écoles et de régions différentes de Belgique et à l'issue de ce concours, les élèves envoyés par des écoles primées pour participer en Italie, à Arpino, à un concours européen de version latine sur Cicéron, auront la possibilité d'y rencontrer des élèves venus de tous les coins d'Europe (du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest) et de comprendre alors que le latin est la base culturelle de la civilisation occidentale et qu'il peut être un ciment de l'union européenne;

3. Donner à chacun l'occasion de se rencontrer, de se revoir, de nouer de nouveaux liens dans une ambiance de fête;

4. présenter, en relation avec le Latin, des activités inhabituelles ou difficiles à organiser dans le cadre d'une classe : atelier informatique, jeux verbaux sur la langue latine, rallye, films, ... quand les "Rencontres latines" sont organisées pour les élèves de la première à la sixième latine;

5. Saire savoir à l'opinion publique que le latin, langue "morte", vit toujours.



2. L'organisation des "Rencontres latines".

Le début de cette aventure s'est donc bien inscrit dans la province de Liège et le premier concours de version latine fut réalisé au Casino de Chaudfontaine en février 1986 (P). Plus de trois cents élèves de 6ème ont concouru, le matin. L'après-midi, des activités récréatives autour du latin furent organisées pour tous les élèves de la première à la sixième qui suivaient le cours de latin (P). Ils se retrouvèrent à plus de quatre cents. Voilà comment le nom "Rencontres latines" fut justifié et le point 4 des objectifs pleinement atteint.
L'équipe des correcteurs se réunit l'après-midi sous la direction d'un comité scientifique d'un professeur d'Université. En 1986, et les années suivantes, ce fut monsieur Marius Lavency de l'Université Catholique de Louvain (Cfr les comités scientifiques à la rubique "Les rencontres").
La proclamation eut  lieu le même jour vers les 18 h.

Ce programme (cfr programme), à savoir le concours de version le matin, la correction et les activités récréatives l'après-midi et enfin la proclamation vers 18 h, fut appliqué chaque année sauf en 1990, 1991, 1992 (cfr plus bas).

Devant cet énorme succès, l'année suivante en février 1987, nous décidâmes d'élargir notre concours à tous les élèves francophones et germanophones de l'enseignement libre. Nous l'organisâmes dans le complexe sportif de Ninane (près de Liège). Cette fois, plus de six-cents élèves de 6e se confrontèrent amicalement à un extrait de Cicéron, alors que l'après-midi, nous accueillîmes deux-mille élèves autour d'activités récréatives latines.

Cette activité récréative autour du latin adressée à tous les élèves, de la première à la sixième, ne se répéta plus qu'une fois en 1990 au Collège Saint-Louis à Waremme avec toujours autant de succès.

Les deux premières années, les "Rencontres latines" ont été généreusement sponsorisées par la BBL et par le "LOTTO". On a pu ainsi offrir à chaque participant du concours un livre (roman ou bande dessinée).

Pendant quatre ans, les "Rencontres" furent organisées dans la Province de Liège : au Casino de Chaudfontaine en 1986, au complexe sportif de Ninane en 1987. En 1988 et 1989, ce fut au Collège épiscopal du Sartay à Embourg, faubourg de Liège (P) (P).

De 1990 à 1992, on organisa le concours de version latine dans cinq écoles, une par province. Quant aux proclamations des résultats, elles eurent lieu, quelques jours après le concours, en 1990 au Collège Saint-Louis à Waremme, en 1991 au Collège Don Bosco à Liège, et en 1992 aux Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur.

A partir de 1993, les "Rencontres latines" quittèrent la province de Liège pour, alternativement,  se dérouler aux Facultés Notre-Dame à Namur et aux Facultés Saint-Louis à Bruxelles.

Au début de l'année scolaire 1997-1998, je décidai de transmettre mon "bâton de maréchal" à mon ami M. Didier Xhardez (P), alors, conseiller pédagogique en langues anciennes et Professeur invité aux Facultés Universitaires Saint-Louis à Bruxelles, actuellement Professeur à cette même université et sous-directeur au Collège Saint-Michel-Bruxelles. Il s'entoura pour une large partie des mêmes fidèles collaborateurs. Le voilà, depuis, à la tête des destinées des "Rencontres latines" et ils ont eu la gentillesse de me désigner comme leur président d'honneur.

En 2007, pour la première fois, l'Université Catholique de Louvain (UCL) a ouvert ses portes à l'organisation du concours et l'a soutenue.

L'infrastructure de ces Universités permet, en effet, d'accueillir les quelques huit cents élèves qui participent chaque année au concours de version.


3. La représentation francophone puis nationale au Certamen.

Depuis 1986, nous envoyons au Certamen, issus de l'Enseignement libre, des élèves, tous lauréats des "Rencontres latines" et 2 élèves venant d'un établissement de l'enseignement officiel situé dans la Province de Liège et choisi par moi. M. le Professeur Lavency et moi-même avons été invités à prononcer un discours sur l'enseignement du latin en Belgique à la Tavola rotonda comme en 1985.

En 1990, l'Enseignement de la Communauté française organisa, à l'instar du nôtre, son premier concours. Avec M. Jacques Marneffe, inspecteur de langues anciennes de la Communauté française, nous nous mîmes d'accord sur le nombre de participants des deux réseaux.

En 1994, la Communauté Flamande, elle aussi, organisa un concours de version latine. Avec Mme Chantal Janssens, inspectrice de langues anciennes de la Communauté Flamande et de l'Enseignement libre néerlandophone et moi, nous nous mîmes également d'accord sur le nombre de participants : 8 pour la partie francophone (dont 3 de l'Enseignement officiel) et autant pour la partie néerlandophone.

Dès ce moment-là, on parla de délégation belge.

Depuis 1999, le CPONS (Enseignement communal et provincial) organise également son propre concours de version latine. Le nombre et la répartition des candidats restent inchangés.

Depuis 2003, la délégation belge comprend 20 élèves et 4 professeurs.

4. Le séjour à Arpino

Le voyage fut gratuit pendant les trois premières années, ensuite à notre charge, quoi de plus normal.
Quant au séjour, il a été totalement pris en charge par les organisateurs du "Certamen" de 1983 à 2009 y compris.

Cependant, depuis 2010, une participation de 100,00 euros a été demandée pour un groupe de deux élèves et d'un accompagnateur. Depuis 2013, c'est une participation de 220,00 euros par élève et par accompagnateur.

Les journées se déroulent suivant le même schéma depuis les origines. Le jeudi dans l'après-midi, les organisateurs nous accueillent, auparavant à la gare de Termini, à Rome; aujourd'hui à la gare de Frosinone. Ils nous conduisent à notre hôtel dans la ville de Sora, les premières années, désormais dans celle de Fiuggi. Ce sont des hôtels de qualité, au minimum trois étoiles. Les élèves se retrouvent à deux ou à trois par chambre. Trois repas sont servis par jour. Pour les élèves, celui du soir est toujours chaud et le repas du vendredi midi comme celui du dimanche midi est servi sous forme de sandwiches.

Le vendredi, les élèves et les professeurs sont conduits en car à Arpino qui nous accueille avec faste   (P)    (P)     (P) . Les élèves sont directement dirigés au Liceo Tulliano (P) pour leur "épreuve". Ils auront à traduire et à commenter un extrait de Cicéron d'environ une page A4, et ce de 09.00 à 13.00 hrs  (P) .
A 15.00 hrs, commence pour tous la visite des environs immédiats d'Arpino.

Le samedi est consacré tout entier à la visite de plusieurs sites de la Province de Frosinone (Anagni, Ferentino, l'Abbaye de Casamari, Isola del Liri,...).
En fin d'après-midi, nous sommes tous reçus par les moines bénédictins de la fameuse Abbaye de Monte Cassino  (P)    (P) . Le Père Abbé, qui a rang d'Évêque, nous accueille en prononçant un discours en latin. Ceci est suivi par un concert de musique classique.
Le soir, auparavant, nous nous retrouvions tous à Fiuggi, dans un splendide établissement appelé Fonte Bonifacio VIII pour y goûter un somptueux plat froid, y danser sur des rythmes endiablés et, pour les plus romantiques, y faire des rencontres dans l'environnement verdoyant. Aujourd'hui, plus modestement, faute de moyens, cela se déroule en plein air à Arpino même où un podium est dressé pour accueillir un orchestre.

Le dimanche est un jour solennel. Nous nous retrouvons tous, c-à-d presque un millier de personnes, sur la place publique d'Arpino. Un podium y est dressé, de nombreuses autorités politiques, culturelles, militaires et ecclésiastiques y sont prennent place.  (P)   (P)    (P)  Devant, de nombreuses rangées de chaises, occupées par des personnalités locales, par les accompagnateurs et par les habitants d'Arpino. Tout autour, se tiennent debout les élèves. Le tout dans une ambiance chaleureuse mais également impatiente. La proclamation se fait toujours attendre car, préalablement pour faire monter la tension sans doute, se tiennent les interminables discours politiques et autres de remerciements. Enfin, la proclamation a lieu dans un délire d'applaudissements. C'est l'apothéose.

Tout aussi vite, une fois la tension relâchée , un vaste mouvement de foule se précipite dans les rues étroites d'Arpino pour acheter un sandwiche, récupérer son bagage, retrouver son "pullman" pour se faire conduire qui vers la gare, qui vers l'aéroport. On l'a compris, c'est la fin, c'est le retour, le cœur déjà plein de nostalgie.