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Rencontres Latines - 2014

avec le soutien de la

Présentation du concours et Programme de la journée
Texte de la version
Traduction de la version
Résultats
Organisateurs, comité scientifique, comité d'honneur
Allocution du Président des "Rencontres latines"
Donateurs


 

La 29e édition des "Rencontres latines – Concours de version latine "Marius Lavency" s'est déroulée le mercredi 19 mars 2014 de 09h00 à 13h00 à l'Université de Namur rue de Bruxelles 61, B-5000 Namur, Belgique. Ce concours était destiné aux élèves de 6ème option latin.
Près de 750 élèves  de 6e de l'enseignement libre francophone et germanophone ont répondu à l'appel.
Bravo à tous les participants !

Université de namur
http://www.unamur.be
Pour s'y rendre  :
Namur     Campus Documents à télécharger en version imprimable :

1er envoi (cliquez ici pour 1 &2 / cliquez ici pour 3 &4)
  1. l'invitation adressée aux directions des établissements d'enseignement secondaire de l'enseignement libre francophone et germanophone
  2. l'invitation aux professeurs de langues anciennes
  3. un bulletin d'inscription des élèves
  4. un bulletin d'inscription comme surveillant (le matin), correcteur (l'après-midi)
2ème envoi

Présentation du concours et Programme de la journée

L'objectif principal du concours, destiné aux élèves de 6ème option latin, est de permettre à de jeunes latinistes de tous horizons de se rencontrer autour d'un texte de Cicéron et de se mesurer avec lui. Dans cette optique, tout élève est le bienvenu. Il s'agira aussi de sélectionner les participants au concours international de version latine à Arpino (Italie).

dès 9h : accueil des participants
10h : début de la version (extrait d'une œuvre de Cicéron ; grammaire, dictionnaire et lexique autorisés)
13h : fin du concours - début des corrections
14h30 : activités pour les élèves
17h : correction collective pour les élèves
18h : proclamation des résultats

(sommaire)

Interview - RTBF 1 JT de 13h00 (son et image très bons avec "lecteur windows media")

Texte de la version

La vertu, seul salut face à l’ennemi public

En 44, Cicéron, ayant pris le parti d’Octave, s’adresse aux citoyens romains (Quirites) et en appelle à leur sens moral ancestral pour lutter contre Antoine.
Quamquam mortem quidem natura omnibus proposuit, crudelitatem mortis uirtus propulsare solet, quae propria est Romani generis. Hanc retinete, quaeso, Quirites, quam uobis tamquam hereditatem maiores uestri reliquerunt ; alia omnia falsa, incerta sunt, caduca, mobilia, uirtus est una altissimis defixa radicibus ; quae numquam ui ulla labefactari potest. Hac uirtute maiores uestri primum uniuersam Italiam deuicerunt, deinde Carthaginem exciderunt, potentissimos reges, bellicosissimas gentes in dicionem huius imperii redegerunt. (…)  Oui, Quirites, le peuple romain, vainqueur de toutes les nations, n’a plus à combattre qu’un assassin, un bandit (latronem = Antoine). Nam quod se similem esse Catilinae gloriari solet, scelere par est illi, industria inferior. (…). Vt igitur Catilinam diligentia mea, senatus auctoritate, uestro studio et uirtute fregistis, sic Antonii nefarium latrocinium uestra cum senatu concordia, felicitate et uirtute exercituum ducumque uestrorum breui tempore oppressum [esse] audietis.

Cicéron, Philippiques, IV, 13-15 

ligne 2 : retinere, eo, tinui, tentum : retenir, garder, conserver
ligne 3 : defigere, o, fixi, fixum : enfoncer, attacher, fixer ; radix, icis, f. : la racine ; le fondement, la source
ligne 4 : labefactare, o, aui, atum : ébranler ; renverser
ligne 5 : in dicionem redigere : soumettre à l’autorité
ligne 6: quod : ici : quant au fait que, relativement au fait que
ligne 7 : frangere, o, fregi, fractum : briser, anéantir ; latrocinium, ii, nt. : l’attaque de bandit, le brigandage

(sommaire)

Traduction de la version

Traduction du lauréat Tom BUYTAERT du Collège St Augustin, Enghien

La vertu, seul salut face à l’ennemi public

Bien que la nature, certes, a offert à chacun la mort, la vertu, qui est le propre du genre romain, a coutume d’en repousser la cruauté. De grâce, Quirites, conservez cette vertu que vos ancêtres vous ont laissée en héritage ; toutes les autres choses sont fausses, incertaines, fragiles, instables. Seule la vertu est fixée par les racines les plus profondes ; et celle-ci, par quelque acte de violence, ne peut jamais être ébranlée. De notre côté, c’est par la vertu que vos ancêtres ont d’abord vaincu l’Italie tout entière, ensuite qu’ils ont rasé Carthage, que les rois les plus puissants, les races les plus belliqueuses, ils les soumirent à l’autorité de leur commandement.(…)
Pour ce qui est de son habitude à se vanter d’être semblable à Catilina, il est l’égal de ce brigand, mais d’un rang plus bas par son activité. (…) C’est pourquoi, de la même façon que, par mon attention, la volonté du sénat, votre ardeur et votre vertu, vous avez anéanti Catilina, vous entendrez sous peu que l’abominable brigandage de Marc-Antoine fut accablé par votre collaboration avec le sénat, la chance et la vertu des vos armées et de vos chefs. 

Traduction, "Les Belles Lettres"

La nature, il est vrai, a donné à tous les hommes la perspective de la mort, mais la cruauté [et le déshonneur] de la mort sont habituellement repoussés par la vertu, qui est le privilège de la race [et du sang] romains. Conservez-la, je vous en prie, Quirites, cette vertu, que vos ancêtres vous ont transmise comme un héritage ; tout le reste est faux, incertain, précaire, changeant, seule la vertu est attachée par de très profondes racines, que nulle force ne saurait jamais ébranler. C’est par elle que vos ancêtres ont d’abord soumis l’Italie entière, puis détruit Carthage, assujetti à notre domination les rois les plus puissants, les nations les plus belliqueuses. (…) Quant à la prétention qu’il a de ressembler à Catilina, il l’égale en scélératesse, mais lui est inférieur en activité. (…) Si donc vous avez brisé Catilina grâce à ma vigilance, à l’autorité du Sénat, à votre dévouement et à votre vaillance, ainsi pour Antoine vous apprendrez bientôt que son criminel brigandage, grâce à votre accord avec le Sénat, grâce au bonheur et à la vaillance de vos armées et de vos généraux, a été rapidement réprimé. 

Philippiques, IV, 13-15 -  Traduction Les Belles Lettres

Traduction "Itinera electronica"

Bien que la mort soit imposée à tous les hommes par la loi de la nature, une mort cruelle (et déshonorante) doit être repoussée par la vertu, et cette vertu est inséparable de la race (et du sang) romains. Conservez-la, je vous en prie, Romains, cette vertu, noble héritage que vous ont légué vos ancêtres. Si tous les autres biens sont incertains, périssables, changeants, la seule vertu est attachée à l'âme par les plus profondes racines ; jamais aucune force ne peut l'ébranler (ni l'arracher). C'est par cette vertu que vos ancêtres ont d'abord triomphé de l'Italie entière, puis renversé Carthage, et forcé les plus puissants monarques, les nations les plus belliqueuses à subir le joug de cet empire. (…)
Ce n'est pas qu'il fasse gloire de ressembler à Catilina il l'égale en scélératesse; en talent il lui est inférieur. (...) Vous avez, par mon activité, par l'autorité du sénat, par votre dévouement et votre courage, brisé Catilina ; et, pour ce qui est d'Antoine, bientôt vous apprendrez que votre accord avec le sénat, accord le plus parfait qui ait jamais existé, et que les succès et le courage de vos armées et de vos généraux auront fait justice de son criminel brigandage.

(sommaire)

Résultats

1. BUYTAERT Tom, Collège St Augustin, Enghien.
2. BRANDSTEERT Noémie, Institut de la Providence, Champion.
3. GILMARD Camille, Institut de la Providence, Champion.
4. BRASSEUR Camille, Institut Saint-Dominique, Bruxelles.
4. ESCOUFLAIRE Louis, Collège St Augustin, Enghien.
4. STORRER Laurent, Institut Saint-Boniface-Parnasse, Bruxelles.
7. DELMEE Lisa, Institut de l'Enfant-Jésus, Nivelles.
8. COLIN Emile, Institut Saint-Louis, Namur.
9. GERARD Ariane, Institut de la Providence, Champion.
10. FIERENS Auriane, Collège St Michel, Etterbeek.
10. VANBRANDEN Lara, Institut Saint-Jean-Baptiste, Wavre.
12. DEFAUW Julien, Institut Saint-Boniface-Parnasse, Bruxelles.
13. DUSART Dorian Centre scolaire du Sacré-Cœur de Jette, Bruxelles.
13. MOULLIARD Eleonor, Collège Saint-Augustin, Gerpinnes.
15. ARAUXO Nicolas, Collège Saint-Augustin, Gerpinnes.
16. BARBEZ Madeleine, CES Saint-Vincent, Soignies.
17. VAN AUDENHAEGE Alice, Institut Saint-Albert, Jodoigne.
18. CLOSSET Gabriel, Collège St Michel, Etterbeek.
19. HANNE Louise, CES Notre-Dame des Champs, Bruxelles.
20. RIZZOLI Elodie, Institut Sainte-Marie, Arlon.

Ont obtenu une mention :

AMORY Louis
BALTHAZARD François
BELPAIRE Aurian
BERTRAND Basil
DANTINNE Marie
DE GREEF Romain
DE GUCHTENEER Facundo
DEBATY Elisa
DEJEMEPPE Marie
DUBRU Léonore
FLAHAUT Léopold
GLINEUR Robin
GORILLA Antoine
HELLIN Olivier
JACQUES Pierre
JANSENS Sébastien
JOORIS Julien
KNEIP Adrian
LEMINEUR Christelle
MEERT Mathilde
MERCKX Julie
NASSOGNE Mahaut
OPDENACKER Camille
RAHNAMA Nassim
ROUSSEAUX Valentin
SIMON Bénédicte
SOLEIL Sophie
SUPPLY Caroline
VAN DE CALSEYDE Emilie
VAN OUTRYVE d'YDEWALLE Wallerand
VAN REETH Olil
VER HULST Henri
WALCKIERS Manon
WILMOTTE Camille

(sommaire)

Organisateurs, comité scientifique, comité d'honneur

Président d’honneur
Yves TINEL (Fondateur des « Rencontres latines ») 

Président
Didier XHARDEZ (Professeur à l'Université Saint-Louis -Bruxelles et sous-directeur au Collège Saint-Michel-Bxl)

Comité scientifique :
+ Marius LAVENCY (Professeur émérite de l’UCL et à l' USL)
+ Etienne EVRARD (Professeur honoraire de l’ULg)
Dominique LONGREE (Professeur à l'ULg  -  Professeur à l'USL)
Muriel LENOBLE (Docteur en Langues et Littératures classiques)
Paul PIETQUIN (Chargé de cours à l'ULg)
Gérard SCHOUPPE (ancien Conseiller pédagogique en Langues anciennes, professeur au Collège Saint-Michel)
Didier XHARDEZ (Professeur à l'Université Saint-Louis -Bruxelles et sous-directeur au Collège Saint-Michel-Bxl)

Comité organisateur :

Cécile BOURGAUX
Christelle DECROËS
Jean-Claude DUPONT
Marc FRANCART
Noëlle HANEGREEFS
Michel ROSSEEL
Eric SCARPA

(sommaire)

Comité d'honneur :

S.E. le Cardinal Daneels

Monsieur D. REYNDERS
Vice-Premier Ministre et Ministre
des Affaires étrangères, du Commerce extérieur
 et des Affaires européennes 

Madame S. LARUELLE
Ministre des Classes moyennes, des PME,
 des Indépendants et de l’Agriculture 

Monsieur P. DUPRIEZ
Président du Parlement wallon 

Monsieur J.-CL. MARCOURT
Vice-président et Ministre de l’Economie,
des PME, du Commerce extérieur,
des Technologies nouvelles et de
l’Enseignement supérieur de la
Fédération Wallonie-Bruxelles
 

Monsieur K-H. LAMBERTZ
Ministre-Président du Gouvernement
de la Communauté germanophone

 

Madame M.-M. SCHYNS
Ministre de l’Enseignement obligatoire
et de Promotion sociale de la
Fédération Wallonie-Bruxelles 

Monsieur B. CAPRASSE
Gouverneur de la Province du Luxembourg

 

Monsieur M. FORET
Gouverneur de la Province de Liège 

Madame M.-J. LALOY
Gouverneur de la Province du Brabant wallon

Monsieur L. DELIRE
Président du Conseil provincial de Namur 

Monsieur J.-M. VAN ESPEN
Président du Collège provincial de Namur

Monsieur B. DELVAUX
Recteur de l’Université Catholique de Louvain
 

Monsieur B. RENTIER
Recteur de l’Université de Liège

Monsieur Y. POULLET
Recteur de l’Université de Namur

Monsieur M. PREVOT
Bourgmestre de Namur 

Monseigneur A.-J. LEONARD
Archevêque de Malines-Bruxelles
 

Monseigneur J.-P. DELVILLE
Evêque de Liège  

Monseigneur R. VANCOTTEM
Evêque de Namur

Monsieur A. BODSON
Recteur honoraire de l’Université de Liège

Madame E. HOYOS
Co-présidente du parti Ecolo 

Monsieur W. BORSUS
Député wallon 

Madame J. de GROOTE
Chef de groupe CdH au Parlement de la
Fédération Wallonie-Bruxelles 

Monsieur P. BULTOT
Député provincial de la Ville de Namur

Madame G. LAZARON
Députée provinciale de la Ville de Namur 

Monsieur P.-E. MOTTARD
Député provincial de la Ville de Liège 

Monsieur Ch. MICHEL
Président du Mouvement réformateur
et Bourgmestre de Wavre 

Madame I. PALMIERI
Consul général d'Italie à Charleroi 

Monsieur E. MICHEL
Directeur général du SEGEC 

Monsieur G. PALUMBO
Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres
de l’Université de Namur 

Madame I. OST
Doyenne de la Faculté de Philosophie et
Lettres de l’Université Saint-Louis - Bruxelles 

Monsieur Cl. OBSOMER
Président de la CP GLOR  

Monsieur A. MEURANT
Professeur à la Faculté de Philosophie,
Arts et Lettres à
l’Université Catholique de Louvain 

Monsieur B. ROCHETTE
Professeur à l'Université de Liège 

Monsieur J. POUCET
Professeur émérite à l’Université
Catholique de Louvain
 

Monsieur J. DENOOZ
Professeur honoraire de l'Université de Liège 

Monsieur B. HOC
Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Namur 

Monsieur E. DAUBIE
Secrétaire général de la FESec 

Monsieur l’Abbé H. GANTY
Vicaire épiscopal pour l’Enseignement –
Archidiocèse de Malines-Bruxelles 

Madame P. GRANDCHAMPS
Echevine de la Mobilité, du Tourisme
et de la Jeunesse 

Madame C. PONCHON
Inspectrice de Langues anciennes 

Monsieur J.-P. MOGENET
Inspecteur de Langues anciennes 

Monsieur F. DEWEZ
Conseiller pédagogique en Langues anciennes 

Madame M. van OVERBEKE
Inspectrice de Langues anciennes honoraire 

Monsieur Y. BALZAT
Inspecteur de Langues anciennes honoraire 

Madame A.-F. DELHEIXE
Directrice diocésaine -
Archidiocèse de Malines-Bruxelles 

Monsieur Fr. LITTRE
Directeur du CECAFOC  

Monsieur J.-F. KAISIN
Directeur diocésain – Diocèse de Liège

Monsieur Ph. PLUMET
Président de l’Association européenne
des Enseignants – Enseignement Libre (AEDE-EL) 

Madame M.-B. MARS
Présidente de la Fédération des
Professeurs de Grec et de Latin

Monsieur R. ROBAYE
Directeur des Editions Namuroises
 

Monsieur P. COLPE
Directeur du Théâtre Royal de Namur
 

Monsieur R. PAGLIARO
Presidente dell’Associazone dei
Laziali nel Mondo (Benelux) 

Monsieur F. MATERIALE
Ancien Directeur du « Liceo
Ginnasio Statale Tulliano » à Arpino (Italie)

Il Professore P. BIANCHI
Presidente Fondatore dell’Associazone
dei Laziali nel Mondo (Italia) 

 

(sommaire)

Allocution du Président des "Rencontres latines", Monsieur Didier XHARDEZ

Voici la version quelque peu remaniée de l’allocution prononcée par D. Xhardez à l’occasion de la proclamation des résultats de la 29e édition des « Rencontres latines », le mercredi 19 mars 2014, à l’Université de Namur.

Au nom de l'équipe organisatrice de la 29ème édition des "Rencontres latines", je vous remercie de votre présence qui nous honore. Bien sûr, l'affluence n'est pas aussi impressionnante que celle de ce matin, sans doute à cause de l'heure tardive. Mais clôturer cette journée dans la foulée directe du concours et des corrections, devant un public de choix, est pour nous la manière de couronner au mieux cette journée destinée à rassembler, autour du latin, élèves, professeurs et personnalités.

Je sais combien vous languissez dans l’attente des résultats du concours...

Je vous demande néanmoins un peu de patience et d’indulgence, car mon premier devoir est de remercier tous ceux sans lesquels cette journée n'aurait pu se dérouler dans les meilleures conditions.

Permettez-moi de saluer tout particulièrement

  • Yves Tinel, le Président-fondateur des "Rencontres latines", accompagné de notre ami M. Rocco Pagliaro, President des Laziali nel mondo, l’association qui réunit tous les Italiens originaires du Latium, la région de Rome et d’Arpino, deux cités bien sûr étroitement liées à notre concours.

  • Monsieur le Professeur Christophe Flament, qui représente le Recteur des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix, cette vénérable institution que je remercie vivement de nous avoir à nouveau accueillis : ouvrir ses murs à plusieurs centaines d'élèves est un réel défi qui a pu être relevé d’abord grâce au soutien des autorités universitaires, mais aussi grâce au travail de diverses personnes qui ont assumé de nombreuses tâches, parfois assez ingrates. Je remercie ainsi tout particulièrement Madame Gérimont (service ‘Communication’), ainsi que Paul Pietquin (département des ‘Etudes classiques’).

Merci aussi à

  • Monsieur G. Schouppe, qui a assuré la correction collective de la version, avec la compétence et l’enthousiasme qu’on lui connaît.

  • Aux membres du Comité organisateur. Je tiens ici à témoigner une double gratitude : premièrement à Madame Noëlle Hanegreefs, qui, pendant plus de vingt ans, n’a ménagé ni son temps ni son énergie pour assurer de multiples tâches d’organisation, de secrétariat, de trésorerie. Nous lui avons rendu hommage l’an dernier, puisqu’elle a passé le flambeau à Christelle Decroës qui a brillamment relevé le défi, avec une humilité, une ténacité et une compétence remarquables. Vous n’imaginez pas les heures de travail nécessaires à l’équipe organisatrice pour rendre possible ce concours. Merci donc à Noëlle, Christelle, Michel, Eric, Jean-Claude,…

Je remercie également tous les professeurs venus aujourd'hui à Namur tant pour encadrer les élèves et les soutenir moralement dans leur travail, que pour corriger les copies. Ils se sont enfermés en conclavetout l’après-midi pour s’astreindre à un travail de correction ô combien ardu ; guidés par la compétence et l'entraide de toute une équipe, ils ont établi le palmarès qui me permet de proclamer solennellement « Habemus uictores  » (petit clin d’œil au premier anniversaire du pontificat du Pape François…)

Et enfin merci aux 713 élèves qui ont envahi les auditoires et qui, cette année encore, ont relevé le beau défi de la version latine. Le défi de la version d’aujourd’hui amenait les élèves à comprendre le sens d’un texte tiré des célèbres Philippiques où Cicéron s’adresse au peuple en disant : « Conservez cette vertu, que vos ancêtres vous ont transmise comme un héritage ; tout le reste est faux, incertain, précaire, changeant, seule la vertu est attachée par de très profondes racines, que nulle force ne saurait jamais ébranler. ».

Et Cicéron d’affirmer ensuite que c’est cette vertu, ce sens moral ancestral, qui permettra au peuple, en accord avec l’autorité politique du Sénat et la force militaire de l’armée, de vaincre Antoine, l’ennemi public du moment.

« Conservez cette vertu, que vos ancêtres vous ont transmise comme un héritage ».

En entendant ces mots, qui ne serait pas surpris de leur incroyable pertinence dans notre monde d’aujourd’hui.

Au moment où nous célébrons le centenaire de la Première Guerre mondiale, n’est-ce pas le message adressé aux jeunes par tous les soldats qui se sont battus pour notre liberté ?

Au moment où les Ukrainiens cherchent une nouvelle espérance, après avoir renversé le peu vertueux Ianoukovytch, n’est-ce pas le sens moral qui doit s’opposer à tous ces potentats dans de multiples pays en quête de démocratie ?

Au moment où notre pays s’apprête à vivre des élections cruciales, n’est-ce pas la vertu qui devrait amener chaque candidat à se fonder sur ses qualités réelles pour convaincre l’électeur, plutôt que de sacrifier à la politique spectacle, en apparaissant, par exemple, en pleine période de prudence électorale, dans un show télévisé déguisé en panda ?

Au moment où des entraîneurs de football ou des PDG (des CEO comme on dit maintenant) reçoivent ou réclament des millions comme parachutes dorés, n’est-ce pas la vertu, le sens éthique, qui devrait bien davantage prévaloir dans le business ?

Les VIP de notre monde ne devraient-ils pas voir plutôt dans cet acronyme (VIP) : Vertu, Intégrité, Probité ? Plutôt que de pousser toujours plus loin la démesure, l’orgueil, l’excès, cette « hubris » si souvent dénoncée par les philosophes et les tragiques grecs. [1]

Cette actualité, cette intemporalité de la culture gréco-latine a précisément été mise à l’honneur en cette Université dans le cadre de la chaire Francqui au titre belge 2012-2013 accordée à la faculté namuroise de philosophie et lettres. Il y a été question de la rémanence de l’hellénisme, ce qui fit dire au Recteur : « En chacune de nos facultés universitaires, nous sommes en réalité les héritiers de la Grèce, même si nous nous comportons aujourd’hui trop souvent en enfants gâtés qui s’emparent de l’héritage sans reconnaître leurs dettes ». [2]

Nullement passéiste donc, la lecture des auteurs latins et grecs peut offrir aux générations futures des références solides, des valeurs humaines, une vision critique du monde. Les textes anciens constituent pour eux ce tiers-objet qui les aide à prendre du recul par rapport à l'immédiateté de l'actualité et à se forger un jugement enrichi de la perspective historique qui sert tantôt de modèle, tantôt de repoussoir.

Reconnaissance de nos racines, prise de conscience de l’Altérité, sens de la rigueur et de la précision, curiosité intellectuelle, dans une perspective non utilitariste, voilà, entre autres, des objectifs revendiqués depuis toujours par l’enseignement des langues anciennes.

L’an dernier, j’avais cité Rita Levi-Montalcini, prix Nobel de médecine en 1986, qui exprimait ainsi son rêve pour l’humanité « Parvenir à utiliser au maximum la capacité cognitive de notre cerveau, pour circonscrire le fanatisme et développer nos attitudes positives (…) ; il n’y a pas de tâche plus passionnante que d’aider les autres en continuant à croire au progrès, à chercher ». [3]

Eh bien, notre Prix Nobel de Physique, François Englert, qui a fait le buzz avec son boson en octobre 2013, nous dit la même chose :

« Les gens sont souvent peu intéressés par la recherche d’une intelligibilité basée sur la rationalité et préfèrent souvent se réfugier dans l’irrationalité des superstitions. En cause peut-être l’école, mais fondamentalement c’est un problème de société. Il n’y a plus le goût de comprendre. A la limite, il y a un mépris pour la compréhension. On lit sur les forums Internet des gens dire de manière péremptoire : « A quoi ça sert ? » Or, le mépris de la connaissance est un premier pas vers l’intolérance et le fascisme. L’anti-intellectualisme est le phénomène qui a permis d’amener les foules vers n’importe quelle horreur ou absurdité ». [4] Recherche d’une intelligibilité, goût de comprendre, dit-il ! Intelligendi studium, diraient les Latins. Intelligere,  inter legere "lire entre les lignes" ou intus legere "lire à l'intérieur", c'est précisément le travail du traducteur. Un exercice difficile certes, mais complet, où sensibilité et rigueur scientifique doivent s'épauler tour à tour pour rendre la pensée d'autrui avec nuance et l'exprimer dans un français correct. Les qualités formatrices et thérapeutiques de la version latine sont indéniables, tant pour la rigueur du raisonnement que pour le maniement de la langue maternelle, ou encore et surtout l'esprit d'ouverture et de tolérance par rapport au message de l'Autre, cette faculté à penser en dehors des sentiers battus, le « thinking outside the box », compétence très prisée par les entreprises, comme l’a brillamment montré pas plus tard que samedi dernier le jeune chercheur Aurian Delli Pizzi (ancien lauréat de notre concours) lors de la cérémonie du 50e anniversaire de la F.P.G.L. [5]

Quel profit y a-t-il donc à traduire du latin, si ce n’est le plaisir gratuit et gratifiant du travail bien fait, du message bien compris, dans le respect et la compréhension de la pensée d’autrui ? Comment peut-on encore affirmer avec ce mépris dénoncé par Englert : « A quoi ça sert ? » Pourquoi le soupçon ou le discrédit sont-ils si souvent de mise quand on ose parler d’élite intellectuelle, alors que le sport d’élite, par exemple, est porté aux nues ? [6]

Les milliers de jeunes latinistes d’aujourd’hui ont l’immense mérite, fût-il parfois inconscient, de ne s’être pas limités aux disciplines réputées plus utiles, plus utilitaristes, plus rentables. Ils ont compris qu’au-delà du rendement à court terme, ils doivent pouvoir s’appuyer sur une formation solide, généraliste et citoyenne [7], en un mot « humaniste ».

Les milliers de jeunes latinistes d’aujourd’hui apportent une réponse cinglante à ceux qui pensent qu’ils sont une espèce en voie d’extinction, à ceux qui les imaginent tous issus de milieux favorisés, tous destinés à devenir juristes, médecins ou ingénieurs… Bon nombre de ces élèves, dont le milieu familial ou les intérêts immédiats ne les disposaient pas a priori à étudier le latin, ont aujourd’hui la chance de connaître les richesses de cette formation, parce qu’ils ont eu la possibilité de s’y initier dès 12 ans.

L'objectif de nos « Rencontres latines » est, avant toute autre préoccupation, de réunir des jeunes de tous horizons, quel que soit leur niveau en version latine, pour leur faire vivre que l'étude du latin ne se résume pas à leur classe dans leur école, mais peut rassembler les foules.

Cela dit, les « Rencontres latines » sont aussi un concours de version. Et tout concours doit avoir ses lauréats, qu'il a bien fallu sélectionner.  C'est là aussi une école de vie, car il serait hypocrite, irresponsable, criminel, de laisser croire aux jeunes que tout pourrait se gagner sans effort, sans qu’ils soient les premiers acteurs de leur propre avenir...  Tout comme l’ont compris les élèves de l’enseignement technique et professionnel qui ont participé la semaine dernière aux « Startech’Days » en vue de gagner leur place aux « Euroskills ».

 En ce qui nous concerne, l’enjeu reste modeste ; l'essentiel était de participer : point d’humiliation pour les non classés ; point de triomphe démesuré pour les vainqueurs.

Bien sûr, les 6 premiers lauréats d’aujourd’hui auront la chance de se rendre à Arpino, en compagnie de 14 condisciples francophones et néerlandophones pour représenter la Belgique à la 34ème édition du Certamen Ciceronianum Arpinas, le concours de version latine européen d’Arpino.

Voir ainsi le petit village natal de Cicéron accueillir plusieurs centaines de jeunes issus des quatre coins de l'Europe est une preuve supplémentaire de l'intérêt et de l'actualité de l'étude des textes anciens dans notre Europe en permanente évolution.

Mais trêve de réflexions ! Il est plus que temps d'en venir à la proclamation des résultats et à la remise des prix.

Non sans avoir cependant lancé une dernière salve de remerciements à toutes les personnalités et organisations qui nous ont fait part de leur sympathie et de leur soutien et qui, dans un contexte économique difficile, nous permettent d'offrir ce soir de nombreux prix. Je vous épargnerai ici une énumération fastidieuse, en vous renvoyant au palmarès qui contiendra la liste de notre comité d’honneur et de nos « mécènes » ou « sponsores ». On y trouve de nombreuses personnalités des mondes politique, diplomatique, académique, juridique, ecclésiastique, et bien sûr, pédagogique,…

 

[1] Cf. l’essai de Bertrand Vergely : Deviens qui tu es. Quand les sages grecs nous aident à vivre, Albin Michel, 2014  (évoqué dans le supplément « Lire » de La Libre, 10 mars 2014, p. 3.

[2] LibreCours – Magazine de l’Université de Namur, n° 89/juin 2013, p. 8.

[3] Citée par Xavier Zeegers, « Mes meilleurs vieux. »  in La Libre, 09 janvier 2012.

[4] La Libre, 09 octobre 2013, p. 6.

[5] Conférence donnée le 15 mars 2014 à Bruxelles : « Comment l’apprentissage du latin et du grec permet-il le « thinking outside the box » dans les entreprises et dans la formation personnelle ? » (publication probable dans l’un des prochains Bulletins de la FPGL).

[6] En 2008 à Namur, j’avais cité les propos de Philippe Dembour, un père de famille, responsable en outre d’une école de devoirs et donc en contact direct avec des jeunes en difficulté scolaire. Cela ne l’empêche pas d’affirmer : « Nous croyons qu’un pays a besoin d’une élite, pas d’une élite suffisante et arrogante, mais d’une élite d’humilité et de conviction, pas d’une élite qui vise à préserver ses privilèges, mais d’une élite qui se soucie de servir le bien commun, pas d’une élite fermée fondée sur une situation figée et des droits acquis, mais d’une élite mouvante combinant les trois valeurs du cœur, de l’intelligence et du sens de l’effort » (A chaque enfant, son école, dans La Libre Belgique, 12 décembre 2007). Le sociologue Claude Javeau ne pense pas différemment quand il définit l’élite comme « l’ensemble des personnes, de toutes conditions, sexes ou âges qui cherchent à mettre au maximum leur intelligence au service de l’émancipation », laquelle se définit comme « le phénomène à visée collective qui consiste à fournir au plus grand nombre les outils qui devraient leur permettre de jouir le plus librement possible de leur passage sur terre «  (Eloge de l’élitisme, Le grand miroir, 2002, p. 11-13).

[7] Voir aussi la conférence donnée par Ch. Vanhalme le 15 mars 2014 à Bruxelles : « Langues anciennes et citoyenneté : une spécificité inaliénable ?» (publication probable dans l’un des prochains Bulletins de la FPGL).

(sommaire)

Donateurs

Pour l’attribution des prix 

le Cardinal
le Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes
la Ministre des Classes moyennes, des PME, des Indépendants et de l’Agriculture
le Président du Parlement wallon
la Ministre de l’Enseignement obligatoire et de Promotion sociale de la Fédération Wallonie-Bruxelles
le Gouverneur de la Province du Luxembourg
le Gouverneur de la Province de Liège
la Gouverneur de la Province du Luxembourg
le Président du Conseil provincial de Namur
le Président du Collège provincial de Namurle Recteur de l’Université de Liège
le Recteur de l’Université de Namurle Bourgmestre de Namur
le Recteur honoraire de l’Université de Liège
la Co-présidente du parti Ecolo
le Député wallon
la Chef de groupe CdH au Parlement de la Fédédération Wallonie-Bruxelles
le Député provincial de la Ville de Namur
la Députée provinciale de la Ville de Namur
le Député provincial de la Ville de Liège
le Directeur général du SEGEC
le Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Namur
la Doyenne de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université Saint-Louis - Bruxelles
le Président de la CP GLOR
Monsieur Isebaert, Professeur de l'Université Catholique de Louvain
Monsieur Rochette, Professeur de l'Université de Liège
le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Namur
le Vicaire épiscopal pour l’Enseignement – Archidiocèse de Malines-Bruxelles
l'Echevine de la Mobilité, du Tourisme et de la Jeunesse
Madame Van Overbeke, Inspectrice de Langues anciennes honoraire
Monsieur Balzat, Inspecteur de Langues anciennes honoraire
le Directeur du CECAFOC
le Directeur diocésain – Diocèse de Liège
le Président de l’Association européenne des Enseignants – Enseignement Libre (AEDE-EL)
le Directeur des Editions Namuroises
le Directeur du Théâtre Royal de Namur
Associazione dei Laziali nel Mondo (Bénélux). Monsieur Rocco Pagliaro, Presidente

la Fédération des Professeurs de Grec et de Latin (prix de 300 euros attribué au premier lauréat)
la famille LAVENCY et les membres d'honneur (Prix Marius Lavency : du 2ème au 6ème lauréats : 5*220 €)
(voir les noms sur le site : www.prixmariuslavency.be)
l'Association Européenne Des Enseignants (Prix de l'A.E.D.E. - E.L. : 800 €) (www.aede-el.be)
les établissements scolaires du Diocèse de Liège
les établissements scolaires du Diocèse de Malines-Bruxelles
les établissements scolaires du Diocèse de Namur-Luxembourg
les établissements scolaires du Diocèse de Tournai

Archéolo-J
le Musée de Mariemont
le groupe Colruyt
les Editions De Boeck
les Editions Brepols
les Editions Casterman
les Editions Dargaud Lombard
les Editions Dupuis

Les dons en espèces contribueront à financer le voyage à Arpino des lauréats sélectionnés pour le "Certamen Ciceronianum".

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