bandeau
 

 

Rencontres Latines - 2008

Présentation du concours et Programme de la journée
Texte de la version
Traduction de la version
Résultats
Organisateurs, comité scientifique, comité d'honneur
Petit mot sur les rencontres latines
Donateurs

 

 

La 23e édition des Rencontres Latines s'est tenue le mercredi 5 mars 2008 aux Facultés universitaires Notre-Dame rue de Bruxelles 61, B-5000 Namur, Belgique.

FUNDP
http://www.fundp.ac.be
Pour s'y rendre pour s'y rendre :
Namur     Campus

 

Présentation du concours et Programme de la journée

L'objectif principal du concours, destiné aux élèves de 6ème option latin, est de permettre à de jeunes latinistes de tous horizons de se rencontrer autour d'un texte de Cicéron et de se mesurer avec lui. Dans cette optique, tout élève est le bienvenu. Il s'agira aussi de sélectionner les participants au concours international de version latine à Arpino (Italie).

dès 9h : accueil des participants
10h : début de la version
13h : fin du concours - début des corrections
14h30 : activités pour les élèves
17h : correction collective pour les élèves
18h : proclamation des résultats

(sommaire)

 

Texte de la version

Le droit de cité : une liberté fondamentale

Dans l’un de ses discours, Cicéron assure la défense d’un citoyen romain originaire de la cité (ciuitas) de Gadès (Cadix, en Espagne) qu’on accuse d’avoir illégalement bénéficié de la « ciuitas », un droit pourtant largement accordé à qui le souhaite…

O iura praeclara atque diuinitus iam inde a principio Romani nominis a maioribus nostris comparata, ne quis nostrum plus quam unius ciuitatis esse possit — dissimilitudo enim ciuitatum uarietatem iuris habeat necesse est —, ne quis inuitus ciuitate mutetur, neue in ciuitate maneat inuitus ! Haec sunt enim fundamenta firmissima nostrae libertatis, sui quemque iuris et retinendi et dimittendi esse dominum. Illud uero sine ulla dubitatione maxime nostrum fundauit imperium et populi Romani nomen auxit, quod princeps ille creator huius urbis, Romulus, foedere Sabino docuit etiam hostibus recipiendis augeri hanc ciuitatem oportere. Cuius auctoritate et exemplo numquam est intermissa a maioribus nostris largitio et communicatio ciuitatis. Itaque et ex Latio multi et ex ceteris regionibus gentes uniuersae in ciuitatem sunt receptae. Quibus ex ciuitatibus non coacti essent ciuitate mutari, si qui noluissent…

ligne 1 :
diuinitus, adv. : de la part des dieux ; par une inspiration divine
iam inde a + abl. : à partir de, depuis

ligne 2 :
necesse est + subj. seul : il arrive forcément, nécessairement que
ne quis = ne aliquis ; inuitus, a, um : contre son gré, à regret

ligne 3 :
suum ius dimittere : renoncer à son droit

ligne 5 :
foedus Sabinum : le traité conclu avec les Sabins

ligne 7 :
uniuersus, a, um : tout entier
gentes : Cicéron cite ici en exemple les cités des Sabins et des Volsques
aliquem in ciuitatem recipere : recevoir qqn au rang de citoyen, accorder la citoyenneté à qqn
Si qui = si aliqui

(sommaire)

Traduction de la version

Traduction du 1er lauréat

Que d’admirables lois furent instituées par nos ancêtres, eux-mêmes inspirés par les dieux, depuis l’aube du peuple romain, qui ne permettent que l’un des nôtres ne soit citoyen de plus d’une cité – car il arrive en effet forcément qu’il existe, en différentes cités, des lois différentes –, que quiconque ne voie sa citoyenneté changée contre son gré, et que nul ne demeure citoyen s’il ne le veut. Là se trouvent les inébranlables appuis de notre liberté : chacun est maître tant de conserver son droit à la citoyenneté, que d’y renoncer. Ceci, en vérité, établit indubitablement et fermement notre pouvoir, et donna sa grandeur au peuple romain, lorsque Romulus, l’originel fondateur de la Cité, démontra par son pacte avec les Sabins qu’il fallait que les rangs des citoyens se vissent agrandis même par les ennemis que nous recueillons chez nous. Grâce à cette autorité et cet exemple, nos ancêtres ont maintenu sans jamais discontinuer la libéralité et l’ouverture de la Cité. Voilà donc pourquoi ont été acceptés ici comme citoyens foules de gens venus du Latium, et des peuples entiers issus de toutes les autres régions du monde. Appartenances qu’ils n’auraient été contraints d’abandonner pour devenir Romains, s’ils ne l’avaient eux-mêmes voulu.

Traduction "Les Belles Lettres"

O législation admirable, inspirée par les dieux, établie déjà par nos ancêtres dès les premiers temps de l’Etat romain ! Aucun parmi nous ne peut être citoyen de plus d’une ville – car la différence des villes implique nécessairement la diversité des lois – aucun parmi nous ne peut contre son gré changer de citoyenneté ; aucun ne peut, malgré lui, rester citoyen de Rome. Tel est le fondement le plus ferme de notre liberté : être maître de conserver ou de résilier ses droits. Mais ce qui, sans conteste, a le mieux assis notre empire et étendu le nom du peuple Romain, c’est que Romulus, le premier de nos rois, le créateur de notre ville, nous a enseigné par le traité avec les Sabins que nous devions accroître notre Etat en y accueillant même nos ennemis. Forts de cette garantie et de ce précédent, nos ancêtres n’ont jamais cessé d’accorder et de distribuer le droit de cité. Ainsi dans le Latium beaucoup d’habitants et, dans d’autres régions, des peuples entiers [tels les Sabins, les Volsques,…] ont reçu de nous le droit de cité ; dans ces Etats, les habitants n’auraient pas été contraints de changer de citoyenneté, s’ils n’y avaient pas consenti.

(sommaire)

 

Résultats

Lauréats :

1. GRÉGOIRE Guillaume, Collège Saint-Augustin, Gerpinne
2. DESTRÉE Maïlis, Collège Saint-Pierre, Bruxelles
3. SEYS Damien, Institut Saint-Boniface Parnasse, Ixelles
4. DEGLAIN Gaëlle, Institut de la Vierge Fidèle, Bruxelles
5. BAUDUIN Stéphanie, Collège Saint-Michel, Etterbeek
6. MATHIEU Laurence, Institut de la Vierge Fidèle, Bruxelles
7. TRAN Thi Ngoc Link, Collège Saint-Michel, Etterbeek
8. TULKENS Nathan, Institut Saint-Boniface Parnasse, Ixelles
9. BUN Arthur, Collège Saint-Pierre, Uccle
10. VANDE VELDE Sylvie, Institut Saint-Boniface Parnasse, Ixelles
11. OLIVIER Frédéric, Institut du Sacré-Cœur, Barvaux
12. DOSSOGNE Tilân, Collège du Sacré-Cœur, Burnot
13. DUTILLEUX Maximilien, Collège Saint-Michel, Etterbeek
14. JORET Alyzée, Institut Saint-Dominique, Bruxelles
15. GRÉGOIRE Magali, Sacré-Cœur de Lindthout, Bruxelles
16. VANBELLINGEN Léopold, Collège Saint-Michel, Etterbeek
17. DEVILLERS Xavier, Collège du Christ-Roi, Ottignies
18. SERVRANCKX Maud, Collège du Sacré-Cœur, Charleroi
19. REGINSTER Julie, Collège Saint-Hadelin, Visé
20. HUIN Pierre, Collège N.-D. de Bon-Secours, Binche

Ont obtenu une mention :

Bodart Henri
Borremans Eulalie
Brucaj Blerina
Carnaille Camille
Debucquois Catherine
Delvaux Gregory
Deraedt Catarina
Dieni Cyril
Diez Stéphane
Georis Gil
Guffins Amandine
Meeùs Camille
Jacquemin Camille
Lefèvre Damien
Licot Rémy
Lorant Christophe
Malotaux Michaël
Martin Pauline
M'buyamba Jonathan
Sere Martina
Stevens Isaac
Storrer Xavier
Vanderlinden Laura
Van der Putten Maxime
Vernaillen Jennifer
Vossen Marion
Warrant Aurélie
Wouters Catherine

(sommaire)

 

Organisateurs, comité scientifique, comité d'honneur

Président d’honneur
Yves TINEL (Fondateur des « Rencontres latines »)

Président
Didier XHARDEZ (Professeur au C.S. du Sacré-Coeur de Jette et aux Facultés Universitaires Saint-Louis - Bruxelles)

Comité scientifique
+ Marius LAVENCY (Professeur émérite de l’UCL et des FUSL)
Etienne EVRARD (Professeur honoraire de l’ULg)
Dominique LONGREE (Professeur invité aux FUSL - Professeur à l'ULg)
Muriel LENOBLE (Docteur en Langues et Littératures classiques)
Didier XHARDEZ (Professeur au C.S. du Sacré-Coeur de Jette et aux Facultés Universitaires Saint-Louis (Bruxelles))
Gérard SCHOUPPE (ancien Conseiller pédagogique en Langues anciennes)

Comité organisateur

Cécile BOURGAUX
Jean-Claude DUPONT
Noëlle HANEGREEFS
Paul PIETQUIN
Eric SCARPA

Comité d'honneur

S.E. le Cardinal G. DANNEELS Archevêque de Malines-Bruxelles
Monsieur D. REYNDERS Vice-Premier Ministre et Ministre des Finances
Madame M. ARENA Ministre-Présidente du Gouvernement de la Communauté Française, chargée de l’Enseignement Obligatoire et de la Promotion Sociale
Monsieur Ch. MICHEL Ministre de la Coopération au Développement
Monsieur P. MAGNETTE Ministre du Climat et de l’Energie
Madame C. FONCK Ministre de la Santé, de l’Enfance et de l’Aide à la Jeunesse - Communauté Française
Madame F. LAANAN Ministre de la Culture, de l’Audiovisuel et de la Jeunesse – Communauté Française
Madame M.-D. SIMONET Ministre de la Recherche, des Technologies nouvelles et des Relations extérieures – Région Wallonne
Monsieur Benoît LUTGEN Ministre de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme – Région Wallonne
Monsieur K.-H. LAMBERTZ Ministre-Président du Gouvernement de la Communauté Germanophone
Monsieur R. DEMOTTE Ministre-Président du Gouvernement Wallon
Monsieur J. HAPPART Président du Parlement Wallon
Monsieur D. MATHEN Gouverneur de la Province de Namur
Monsieur B. CAPRASSE Gouverneur de la Province du Luxembourg
Monsieur M. FORET Gouverneur de la Province de Liège
Monsieur B. COULIE Recteur de l’Université Catholique de Louvain
Monsieur B. RENTIER Recteur de l’Université de Liège
Révérend Père SCHEUER s.j. Recteur des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur
Monsieur J.-P. LAMBERT Recteur des Facultés Universitaires Saint-Louis à Bruxelles
Monsieur A. BODSON Recteur honoraire de l’Université de Liège
Monseigneur A.-M. LEONARD Evêque de Namur
Monseigneur A. JOUSTEN Evêque de Liège
Monseigneur G. HARPIGNY Evêque de Tournai
Madame A.-M. CORBISIER Présidente du groupe cdH au Parlement de la Communauté Française
Monsieur Ph. MAHOUX Sénateur
Monsieur Ph. BULTOT Député Permanent – Président du Conseil Provincial
Monsieur P.-E. MOTTARD Député Permanent de la Province de Liège
Monsieur M.-R. RUSCONI Consul général d’Italie à Liège
Monsieur J. ETIENNE Bourgmestre de Namur
Madame A. DE GAND Echevin de la Culture, du Tourisme et des Fêtes de la Ville de Namur
Monsieur l’Abbé H. GANTY Vicaire épiscopal du Diocèse de Namur
Monsieur l’Abbé M. VILLERS Vicaire épiscopal du Diocèse de Liège
Madame Y. VANDEN BEMDEN Doyenne de la Faculté de Philosophie et Lettres des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur
Monsieur J. DENOOZ Directeur du Laboratoire d’Analyses Statistiques des Langues Anciennes – Université de Liège
Monsieur L. ISEBAERT Professeur à l’Université Catholique de Louvain
Monsieur A. CHEYNS Professeur à l’Université Catholique de Louvain
Monsieur A. MEURANT Professeur à l’Université Catholique de Louvain
Monsieur Fr.-X. DRUET Professeur aux FUNDP Inspecteur de Langues Anciennes de la compagnie de Jésus
Monsieur E. EVRARD Professeur Honoraire de l’Université de Liège
Monsieur J. POUCET Professeur Emérite à l’Université Catholique de Louvain
Monsieur E. MICHEL Directeur Général du SeGEC
Monsieur J. SOBLET Secrétaire général de la FESeC
Monsieur Ph. MOTTTEQUIN Directeur Diocésain – Diocèse de Namur-Luxembourg
Monsieur J. WOLLSEIFEN Directeur Diocésain – Diocèse de Liège
Monsieur M. LAMBERT Directeur Diocésain – Archidiocèse de Malines-Bruxelles
Monsieur H. LAURENT Directeur Diocésain – Diocèse de Tournai
Monsieur B. ROCHETTE Chargé de Cours à l’Université de Liège
Monsieur Y. DUPAGNE Accompagnateur des Directions Diocèse de Namur-Luxembourg
Monsieur Th. DEBRUX Conseiller pédagogique
Madame M. VAN OVERBEKE Ancienne Inspectrice des Langues Anciennes
Monsieur B. GUILLEAUME Président de l’A.E.D.E.-EL (Association Européennes des Enseignants-Enseignement Libre
Madame C. GOEDERT Présidente de la F.P.G.L
Madame D. ALVAREZ Directrice de la Direction Promotion et Langues de l’Union Latine
Monsieur R. FEYEREISEN Membre Fondateur des Rencontres Latines
Monsieur R. PAGLIARO Presidente dell’ Associazone dei Laziali nel Mondo (Benelux)
Monsieur F. MATERIALE Ancien Directeur du « Liceo Ginnasio Statale Tulliano » à Arpino (Italie)
+ Monsieur U. QUADRINI Membre Fondateur du Concours International de Version Latine « Certamen Ciceronianum Arpinas » (Italie)
Il Professore P. BIANCHI Presidente Fondatore dell’ Associazone Laziali nel Mondo (Italie)
Monsieur A. BARRILE Presidente del Centro Studi Umanistici « M. Tullio Cicero » di Arpino (Italie)

(sommaire)

 

Petit mot sur les rencontres latines

Vous trouverez ci-dessous le texte quelque peu remanié de l'allocution que j'ai prononcée à l'occasion de la proclamation des résultats de la vingtième-troisième édition des "Rencontres latines", le concours de version de l'enseignement libre francophone et germanophone qui s'est déroulé le mercredi 5 mars 2008 aux Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix (Namur).

Didier Xhardez

 

Après avoir salué la présence de diverses personnalités, cette proclamation nous a ensuite permis de remercier tous ceux sans lesquels cette journée n'aurait pu se dérouler dans les meilleures conditions.

Merci aux Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix, cette vénérable institution que je remercie vivement de nous avoir à nouveau accueillis : ouvrir ses murs à plusieurs centaines d'élèves est un réel défi qui a pu être relevé d’abord grâce au soutien des autorités universitaires, mais aussi grâce au travail de diverses personnes qui ont assumé de nombreuses tâches, parfois assez ingrates.

Monsieur G. Schouppe a assuré la correction collective de la version, avec la compétence et l’enthousiasme qu’on lui connaît.

Mille mercis aussi aux membres du Comité organisateur qui ne ménagent pas leurs efforts pour mener à bien cette vaste entreprise. Je citerais tout particulièrement Madame Noëlle Hanegreefs, notre vaillante et dévouée secrétaire, dont l'efficacité et l’abnégation ne sont plus à démontrer.

Nous remercions également tous les professeurs venus à Namur tant pour encadrer les élèves et les soutenir moralement dans leur travail, que pour corriger les copies. Un travail de correction ô combien ardu, une réelle performance, rendus possible par la compétence et l'entraide de toute une équipe.

Et enfin merci à tous les élèves qui, cette année encore, ont relevé le beau défi de la version latine.

Nos « Rencontres latines » s’intitulent désormais « Rencontres latines - Concours de version latine Marius Lavency ». Ceci en hommage au regretté Professeur Marius Lavency qui enseigna la linguistique latine à l’Université Catholique de Louvain et aux Facultés Saint-Louis de Bruxelles. Plusieurs professeurs ici présents l’ont eu pour maître passionné et passionnant et de nombreux élèves sont aussi, sans le savoir, ses disciples. C’est que, très attentif à l’évolution de l’enseignement, il a imaginé une manière d’aborder l’étude du latin qui ne cesse de faire ses preuves aujourd’hui encore. Ses proches et quelques-uns de ses amis ont donc souhaité lier son nom à notre concours qu’ils savaient cher au cœur du Professeur Lavency.

Cette année, 733 élèves ont envahi les auditoires. Nous ne sommes pas loin du record de l’an dernier (801 participants) ! A l'heure des débats incessants sur les cursus scolaires, ce succès a de quoi surprendre ceux qui s'en tiennent aux sempiternels clichés sur la désuétude des langues anciennes. Mais il n'étonne pas les esprits qui savent prendre une distance critique, ni les acteurs de terrain qui, au quotidien, font vivre le latin et le grec. 733 élèves sur les plus de 2500 rhétoriciens latinistes du réseau libre. Lesquels font partie des 16000 latinistes (au bas mot) toujours pour le seul réseau libre (on dépasse les 25000 tous réseaux confondus). 25000 auxquels il faut encore ajouter les milliers d'élèves de 1ère et 2ème années du secondaire qui découvrent le latin comme activité d'essai. Ce n'est pas rien, et les chiffres ne vont pas en diminuant.

L'école, si elle se veut démocratique et donc émancipatrice, se doit de ne priver a priori aucun futur citoyen de la diffusion des littératures et civilisations grecques et latines à travers des textes lus dans leur langue respective ( Pour reprendre les termes d'un article paru dans le journal Le Monde des 4/5 septembre 2005. ). C'est précisément l'objectif poursuivi, notamment dans l'enseignement catholique, par toutes les écoles qui offrent le latin, souvent de façon obligatoire en première année du secondaire général, en y voyant un excellent outil au service de la maîtrise des savoirs de base. Et les auditoires bondés de ce matin étaient une nouvelle réponse cinglante à ceux qui s'imaginent que les élèves latinistes sont tous issus de milieux favorisés, tous dépourvus de libre arbitre, tous destinés à devenir juristes, médecins ou ingénieurs… Il ne fait pas de doute que bon nombre d'entre eux, dont le milieu familial ou les intérêts immédiats ne les disposaient pas a priori à étudier le latin, n'auraient jamais connu les richesses, certes peut-être encore insoupçonnées, de cette formation, s'ils ne l'avaient pas découverte dès 12 ans.

Permettez-moi de citer ici les propos de Philippe Dembour, un père de famille, responsable en outre d’une école de devoirs et donc en contact direct avec des jeunes en difficulté scolaire. Cela ne l’empêche pas d’affirmer : « Nous croyons qu’un pays a besoin d’une élite, pas d’une élite suffisante et arrogante, mais d’une élite d’humilité et de conviction, pas d’une élite qui vise à préserver ses privilèges, mais d’une élite qui se soucie de servir le bien commun, pas d’une élite fermée fondée sur une situation figée et des droits acquis, mais d’une élite mouvante combinant les trois valeurs du cœur, de l’intelligence et du sens de l’effort » ( P. Dembour, A chaque enfant, son école,  dans La Libre Belgique , 12 décembre 2007. ). Le sociologue Claude Javeau ne pense pas différemment quand il définit l’élite comme « l’ensemble des personnes, de toutes conditions, sexes ou âges qui cherchent à mettre au maximum leur intelligence au service de l’émancipation », laquelle se définit comme « le phénomène à visée collective qui consiste à fournir au plus grand nombre les outils qui devraient leur permettre de jouir le plus librement possible de leur passage sur terre » ( C. Javeau, Eloge de l'élitisme, Le grand miroir, 2002, p. 11-13. ).

C’est bien cet esprit d’ouverture et de don au plus grand nombre qui doit animer tous ceux qui, au quotidien, proposent aux jeunes les multiples richesses de la formation classique. Dans le Pro Balbo, le discours de Cicéron dont était tiré le texte de ce matin, le grand orateur prend la défense de Cornelius Balbus, un citoyen originaire de la cité de Gadès (Cadix) qu’on accuse d’avoir illégalement bénéficié de la ciuitas, le droit de cité. Entre autres arguments, l’avocat s’adresse ainsi aux juges : « Si, par leur valeur, leur talent, leur humanité, maintes personnes, issues d’une origine et d’une condition modestes, ont conquis des honneurs, de la gloire, de la considération, je ne saisis pas pourquoi la jalousie serait plus prompte à attaquer les mérites de Balbus que votre équité pour soutenir sa modestie … Il y a plutôt lieu à vous demander de ne pas en vouloir au talent, de ne pas être hostiles à l’activité, de ne pas songer à persécuter la générosité, ni à punir le mérite » ( Pro Balbo , 18-19. ). Je pense fermement que de tels propos n’ont rien perdu de leur pertinence par rapport à des idées, mesures, lois ou décrets qui confondent trop souvent démocratisation et uniformisation, oserais-je dire « médiocratisation ».

L'objectif de nos « Rencontres latines » est, avant toute autre préoccupation, de réunir des jeunes de tous horizons, quel que soit leur niveau en version latine, pour leur faire vivre que l'étude du latin ne se résume pas à leur classe dans leur école, mais peut rassembler les foules. Certes les motivations des participants peuvent être diverses (envie de vivre une expérience inédite, plaisir de traduire du latin, goût de la compétition, occasion rêvée de sécher les cours,...), mais l'essentiel n'en reste pas moins pour nous de montrer que la formation par le latin et le grec ne constitue pas le "Jurassic Park" de l'enseignement secondaire qui n'attirerait que quelques nostalgiques d'un passé révolu. Bien au contraire, l’enseignement des langues anciennes existe, évolue, s'adapte, pour offrir aux jeunes du XXIe siècle les atouts d'une formation généraliste, humaniste et citoyenne.

Cela dit, les « Rencontres latines » sont aussi un concours de version. Et tout concours doit avoir ses lauréats, qu'il a bien fallu sélectionner. C'est là aussi une école de vie, car il serait hypocrite, irresponsable, criminel, de laisser croire aux jeunes que tout pourrait se gagner sans effort, sans qu’ils soient les principaux acteurs de leur propre avenir...

En ce qui nous concerne, l’enjeu reste modeste ; l'essentiel était de participer : point d’humiliation pour les non classés ; point de triomphe démesuré pour les vainqueurs.

Bien sûr, les 6 premiers lauréats d’aujourd’hui auront la chance de se rendre à Arpino, en compagnie de 14 condisciples francophones et néerlandophones pour représenter la Belgique à la 28ème édition du Certamen Ciceronianum Arpinas.

Voir ainsi le petit village natal de Cicéron accueillir plusieurs centaines de jeunes issus des quatre coins de l'Europe, de la Pologne au Portugal, de l'Irlande à la Bulgarie, est une preuve supplémentaire de l'intérêt et de l'actualité de l'étude des textes anciens dans notre Europe en permanente évolution. C'est là qu'apparaît notamment le rôle fédérateur de l'enseignement des langues grecque et latine qui permet aux jeunes d'explorer les textes fondateurs de notre pensée européenne et de prendre conscience, par-delà la diversité des pays et des langues, de la richesse d'un passé commun et de la force des valeurs qu'ils partagent. N'est-ce pas là aussi un moyen de lutter contre les nationalismes ou les particularismes, quand on se rappelle que la civilisation gréco-latine a fait fi des frontières pour s'étendre d'ailleurs bien au-delà des limites du seul continent européen ?

Tel était précisément l’un des messages du texte soumis à la sagacité des élèves ce matin. A propos de la citoyenneté romaine, Cicéron y affirme ceci « aucun de nous ne peut contre son gré changer de citoyenneté ; aucun ne peut, malgré lui, rester citoyen de Rome. Tel est le fondement le plus solide de notre liberté. » ( Pro Balbo , 31 ).Quand on pense aux velléités indépendantistes qui animent certaines régions d’Europe (Pays basque, Ecosse, Kosovo, Flandre, etc…), quand on sait que l’autodétermination des peuples est proclamée par la charte de l’Onu et la charte universelle des droits de l’homme ( S. Verhest, On ne décide pas de faire sécession comme çà,  dans La Libre Belgique , 21 janvier 2008. ), quand on songe aux problèmes liés à l’accueil des étrangers et à la naturalisation, l’on perçoit bien toute l’actualité, mutatis mutandis, des propos de Cicéron.

Nullement passéiste donc, la lecture des auteurs latins et grecs peut offrir aux générations futures des références solides, des valeurs humaines, une vision critique du monde. Les textes anciens constituent pour eux ce tiers-objet qui les aide à prendre du recul par rapport à l'immédiateté de l'actualité et à se forger un jugement enrichi de la perspective historique qui sert tantôt de modèle, tantôt de repoussoir. Les textes anciens participent de ce savoir qui doit être partagé, transmis puis parfois critiqué, car, comme l’écrit le philosophe Marcel Gauchet, nous devons admettre que « le monde dans lequel nous entrons nous précède » (Cité par Ph. Anselin, dans Je rêvais d'une société faite pour l'école , dans La Libre Belgique , 25 février 2008. ). Il en va ainsi du savoir aussi. Et ce savoir ce sont les textes écrits dans les livres qui en restent le réceptacle le plus solide (puisque nous apprenons que les supports des nouvelles technologies ont une durée de vie très limitée…)

En conclusion, parce qu’elle allie la richesse de la maîtrise linguistique, la rigueur du raisonnement scientifique et la saveur de la culture, la formation par les langues anciennes peut réellement aider les jeunes à devenir les citoyens responsables et actifs que réclame une société démocratique.

Mais plutôt que de nous lancer dans un trop vaste débat, nous n'avons pas tardé à passer à la remise des prix.

Non sans néanmoins avoir lancé une seconde salve de remerciements à toutes les personnalités et organisations qui nous ont fait part de leur sympathie et de leur soutien. La liste des membres du Comité d'honneur du Concours ainsi que celle de tous les donateurs figurent dans le "Palmarès" envoyé à toutes les écoles participantes ou sur le site Internet : http://www.rencontreslatines.be).

(sommaire)

 

Donateurs

Pour l’attribution des prix

le Vice-Premier Ministre et Ministre des Finances
la Ministre-Présidente du Gouvernement de la Communauté Française chargée de l’Enseignement Obligatoire et de la Promotion Sociale
le Ministre-Président du Gouvernement Wallon
le Président du Parlement Wallon
la Ministre de la Santé, de l’Enfance et de l’Aide à la Jeunesse de la Communauté Française
la Ministre de la Culture, de l’Audiovisuel et de la Jeunesse de la Communauté Française
la Ministre de l’Enseignement et de la Recherche Scientifique de la Communauté Germanophone
la Ministre de la Recherche, des techniques nouvelles et des Relations extérieures de la Région Wallonne
le Ministre de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme de la Région Wallonne
le Gouverneur de la Province de Namur
le Gouverneur de la Province du Luxembourg
le Gouverneur de la Province de Liège
la Présidente du Groupe cdH au Parlement de la Communauté française
le Sénateur Philippe Mahoux
le Député-Permanent – Président du Conseil Provincial de la Province de Namur
le Député Permanent de la Province de Liège
le Bourgmestre de Namur
l’Evêque de Liège
l’Evêque de Namur
le Vicaire Episcopal de l’Evêché de Namur
le Vicaire Episcopal de l’Evêché de Liège
le Recteur des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix de Namur
le Recteur de l’Université de Liège
le Recteur des Facultés Universitaires Saint-Louis de Bruxelles
le Recteur de l’Université Catholique de Louvain
la Doyenne de la Faculté de Philosophie et Lettres des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix (Namur)
le Directeur Général du SeGEC
le Secrétaire Général de la FESeC
le Directeur Diocésain du Diocèse de Namur-Luxembourg
le Directeur Diocésain du Diocèse de Liège
Monsieur Rocco Pagliaro, Presidente dell’Associazione Laziali nel Mondo (Bénélux)
Monsieur le Professeur Arthur Bodson, Recteur honoraire de l’Université de Liège
Madame Monique van Overbeke

la Fédération des Professeurs de Grec et de Latin (Prix de 250 euros attribué au premier lauréat)
la famille LAVENCY (Prix Marius Lavency)
l’Association Européenne Des Enseignants (Prix de l'A.E.D.E. - E.L)
le Secteur des Langues Anciennes à la FESec
L’Union Latine
les établissements scolaires du Diocèse de Liège
les établissements scolaires du Diocèse de Malines-Bruxelles
les établissements scolaires du Diocèse de Namur-Luxembourg
les établissements scolaires du Diocèse de Tournai

Les Musées Royaux des Arts et d’Histoire à Bruxelles
Archéolo-J
Le Musée de Louvain-la-Neuve
Les éditions Casterman
Les éditions De Boeck
La librairie Agora à Namur
La Loterie Nationale

(sommaire)